CHAPITRE III

Chaque nuit, Yeuse rêvait de Jdrien. Surtout de Jdrien enfant, et même bébé. Comment elle l’avait recueilli dans le nord de la Transeuropéenne, caché dans son compartiment du cabaret Miki jusqu’à ce qu’il tombe aux mains des Sibériens. Pour Jdrien, elle avait tué un lieutenant sibérien qui la faisait chanter et avait été condamnée au bagne dans le détroit de Béring. Le Kid avait alors pris soin de l’enfant et l’avait emporté dans le sud, à China Voksal, puis, plus bas encore. Une femme l’avait accompagné, qui s’occupait aussi du petit.

Le matin, elle reprenait sa tâche, mais ces rêves conditionnaient son existence, et elle pensait au Caudillo qui, de l’autre côté des Andes, était en train de faire de la Patagonie Orientale une dictature économique et militaire. Un jour la guerre redeviendrait inévitable, mais son chef d’état-major ne la prévoyait que dans cinq ou six ans.

— Herandez n’a obtenu ni hydravions ni dirigeables, juste quelques cargos assez vulnérables, mais tout peut changer un beau jour.

Les hydravions de son chef d’aviation Jikano survolaient chaque jour les installations nouvelles de la Guilde, qu’elles soient militaires ou économiques. Le port de Magellan Station avait été refait et pouvait recevoir de grands cargos, et les lignes intérieures, surtout celles qui se dirigeaient vers la cordillère, étaient bien entretenues. Le Caudillo disposait d’un excellent matériel ferroviaire qu’il avait importé de l’Antarctique. Un matériel peut-être maintenant quelque feu dépassé, mais qui avait été en avance sur son temps, au moment où l’Antarctique avait fait sécession.

— L’huile et la viande de baleine continuent d’arriver, et il y a des cultures nouvelles, des élevages, et les Patagoniens ne sont pas tellement mécontents du nouveau pouvoir. Il reste cependant quelques poches de résistance qui finiront par disparaître.

Un matin on lui annonça que le président Kid venait d’atterrir dans l’île aux Phoques et qu’il rejoindrait Chiloe Station d’ici deux jours. Elle était heureuse de cette visite, trouvait que depuis la mort de Jdrien, quelques mois auparavant, ni Liensun ni Lien Rag ne faisaient l’effort de venir la voir. Elle regrettait Liensun et aurait aimé discuter avec Lien Rag, attendant de lui des conseils pour la gestion de ses nouvelles fonderies de lard d’éléphants de mer qui s’installaient dans le sud. Désormais la Patagonie était maîtresse à part entière de sa production d’huile, mais aurait eu besoin de cargos pour la transporter. Elle devait vendre sur place à un tarif très bas au Consortium et à l’Omnium. Elle perdait une centaine de dollars par tonne, ce qui, sur cinq cent mille tonnes comme en emportait le super-ice-tanker S.I.T. représentait cinquante millions de dollars.

Le Kid ne lui cacha pas longtemps la raison de sa visite. Il voulait que le Caudillo paye pour la mort de Jdrien, et il venait demander à Yeuse sa collaboration dans la mise au point d’un plan précis.

— Le mieux serait d’attaquer son train quand il voyagera en Patagonie, et j’aurais besoin d’une base ici chez toi. Je suis venu négocier la cession de cette base.

— Je suis profondément bouleversée par la mort de Jdrien et je pense que le Caudillo doit être puni pour ce crime, mais je ne suis pas disposée pour le moment à entreprendre quoi que ce soit d’hostile contre lui.

— Il te bouffera toute crue et sous peu.

— Pas tout de suite. De toute façon je me prépare. Mais en attendant je ne suis pas décidée à t’aider.

— Je croyais que tu avais aimé Jdrien.

— Oui, je l’ai aimé et je ne l’oublierai jamais, toutefois je ne suis pas disposée à reprendre la guerre contre le Caudillo.

— Tu as des moyens dont je ne dispose pas. Il faut que tu m’aides, Yeuse. Cela devient une obsession chez moi. Je pense que je mourrai bientôt et, avant, je veux venger Jdrien à n’importe quel prix. Veux-tu des produits de Titan, des moteurs, du silicium ?

— Écoute-moi, le Kid, j’ai dit non et il est inutile d’insister.

— Si je constitue un commando décidé à abattre cet homme, me laisseras-tu survoler ta Province ?

— Je ne peux t’en empêcher, à moins d’envoyer mes hydravions contre toi, mais tu ne pourras pas utiliser l’île aux Phoques pour te ravitailler.

Le Kid sortit de son train présidentiel et elle apprit que son hydravion était reparti presque aussitôt, ce qui l’attrista. Elle espérait le revoir le lendemain, sans pour autant lui céder. L’obstination du Gnome la mettait mal à l’aise. Suffirait-il d’abattre le Caudillo pour que le pouvoir des Harponneurs s’écroule ? Elle ne le pensait pas, et souvent estimait qu’Herandez était un jouet entre les mains de son entourage. On pouvait le tuer, mais ce ne serait qu’un acte assez vulgaire de vengeance. Détruire la Guilde aurait été plus honorable et plus efficace.

Des bruits commencèrent à circuler, affirmant que le Kid se serait retiré de l’Omnium. Cependant comme ils parvenaient, elle le vérifia, de l’île Christmas, elle s’en méfia. L’île, alliée du Consortium qui couvrait le révérend-roi de l’île de cadeaux, pouvait diffuser de fausses informations. Plus tard, quand Lien Rag revint avec son S.I.T., il lui confirma la nouvelle.

— Pour l’instant, ça ne change rien, mais, petit à petit, la situation deviendra gênante car nous n’aurons plus la priorité pour les moteurs et le silicium.

— Va-t-il aussi me boycotter ? J’ai refusé qu’il utilise la Patagonie comme base de départ pour attaquer le Caudillo.

— Il a besoin de fuphoc. D’ailleurs il est en train d’organiser la chasse à la baleine autour de l’atoll d’Euphosia où, comme tu le sais, le professeur Lerys produit un plancton destiné à la survie des baleines décimées par la Guilde.

— Lerys est d’accord ?

— Tant qu’un certain quota sera respecté, oui. Le Kid pourra donc alimenter son île, ses industries, avec un minimum de pièces tuées chaque année et ainsi il sera totalement autonome.

— Pourquoi dit-il qu’il va mourir ?

— Il a beaucoup changé, mais j’ignore si les médecins lui ont donné ce genre de diagnostic fatal. Nous avons tous été impressionnés quand nous l’avons vu lors de la dernière réunion de l’Omnium à Lacustra City.

Yeuse dut se rendre dans le nord de la Patagonie où les températures de plus en plus élevées provoquaient des fontes brutales de glaciers. Les inondations ravageaient tout et les voies ferrées côtières avaient été emportées en plusieurs endroits par des torrents furieux. Elle se demanda si elle ne devrait pas envisager la construction de cités lacustres, et lorsqu’elle revit Lien Rag le lendemain, dans le port de Chiloe Station, elle lui demanda si le S.I.R.C. pourrait lui vendre du bois.

— En principe oui, dit-il, assez embarrassé, mais Liensun est assez sourcilleux sur l’utilisation du bois de là-bas. Il ne pense qu’à sa Lacustra City alors que nous cherchons à faire rentrer des devises. Le bois ne nous rapporte rien et nous coûte en frais divers deux cargaisons de fuphoc sur trois, ce qui indispose les autres associés et les actionnaires à voix consultative comme Ann Suba et Songe. Celle-ci, qui fait de bonnes affaires, ne tire pour l’instant aucun bénéfice de Lacustra City après quatre années d’association. C’est très décevant.

— La production du S.I.R.C. est excédentaire, m’a-t-on affirmé. Un cargo ou deux ne retarderaient en rien les chantiers de Liensun ?

— Tu devrais t’entendre avec lui.

Il lui cacha qu’ils avaient eu une dispute assez violente avant que Jdrien ne meure et que depuis ils étaient en froid. Lien Rag, pour sauver Jdrien, aurait sacrifié beaucoup, ce que Liensun ne pouvait admettre.

— Il ne vient plus me voir, dit Yeuse, je voudrais en discuter avec lui.

— Et quels cargos utiliserais-tu ?

— Je compte en acheter deux. Lafitte m’a fait des propositions si intéressantes que je vais les accepter. Je payerai en fuphoc.

Lien Rag encaissa très mal cette déclaration. Désormais le Consortium enlevait plus d’huile que l’Omnium, et les comptes commençaient à se déséquilibrer. Yeuse savait séparer le sentiment et la conduite de sa Compagnie. Mais il avait quand même l’impression d’être trahi.

— Tharbin est mieux traité que nous, dit-il avec amertume. Pourtant nous enlevons de grosses quantités d’huile à chaque voyage, alors qu’avec leurs petits cargos ils ne prennent tout au plus que cinq mille tonnes à la fois. Nous cent fois plus.

— Mais chaque fois je perds cinquante millions de dollars, fit-elle remarquer avec ironie. Je n’ai pas les moyens de perdre des sommes aussi élevées.

— Nous payons déjà le prix fort et le transport nous coûte cher ainsi que le dispatching de l’huile, une fois qu’elle arrive à Rock Station en Nemicie. En attendant que notre route de planches soit terminée, nous devons effectuer de grands détours pour livrer l’huile à Markett Station. Même à cinq cents dollars la tonne, notre bénéfice est médiocre. Nous aurions meilleur compte de traiter avec le Caudillo Herandez pour de l’huile de baleine. Il est prêt à la céder à cent dollars la tonne, et même à quatre-vingts.

Yeuse connaissait bien Lien Rag et il était capable du pire lorsqu’il se sentait humilié. Elle réalisa qu’elle était peut-être allée trop loin. Elle avait besoin de l’Omnium pour beaucoup de marchandises, et surtout pour la maintenance des hydravions de son escadrille aérienne.

— Combien vont-ils enlever ?

— Le Consortium ? Bientôt il y aura un cargo chaque jour dans notre port. À cinq mille tonnes chaque fois, tu n’as qu’à calculer. Tu verras qu’ils ne peuvent pour l’instant dépasser vos propres tonnages. Moins de deux millions de tonnes.

— Ils vont sortir des cargos-citernes de dix et quinze mille tonnes, dit-il. Et nous avons des ennuis avec les S.I.T. La glace fond très vite et nous devons sacrifier jusqu’à dix pour cent de la cargaison pour le système de congélation. Les océans se réchauffent vite, et d’ici quelques années, peut-être quelques mois, la dépense énergétique pour empêcher nos icebergs-ships de fondre sera telle que nous ne pourrons plus effectuer le trafic.

— Avant d’en arriver là, vous aurez bien découvert un autre système. Vous avez les meilleurs ingénieurs et les meilleurs techniciens qui soient à Lacustra City, et la Manufacture Kurts grouille de gens qualifiés.

— Pour l’instant elle se borne à l’aviation et aussi aux véhicules routiers. Nous allons avoir des sortes de silico-cars qui ne rouleront pas sur les rails mais sur les routes de planches. Le prototype va être testé prochainement.

— Lien Rag, je veux qu’on rectifie le prix de la tonne. Cinquante millions de perdus chaque fois que le S.I.T. s’en va, je ne peux le supporter, et les médias de Patagonie commencent à l’expliquer à la population. Il faut que tu fasses quelque chose.

— Nous devons en discuter en réunion plénière. Je ne puis prendre seul une telle responsabilité.

Elle profitait de la situation puisque le Kid, en faisant sécession, allait garder pour lui l’huile de baleine qui serait produite du côté d’Euphosia. L’île aux Phoques ne pouvait plus remplir qu’un seul S.I.T. tous les dix mois environ.

— Tu nous mets le couteau sous la gorge. Ce n’est pas le Consortium qui est venu à ton secours quand le Caudillo menaçait au sud, au nord et dans la cordillère des Andes. Tes avions, tu ne les as même pas payés, et c’est l’Omnium qui a dû rembourser la Manufacture Kurts.

— Vous avez assez profité de l’île aux Phoques pendant des années pour que j’aie le droit de récupérer ce qui m’était dû. Pour le bois du S.I.R.C., dois-je aussi attendre la réunion plénière ? Dans ce cas je peux m’adresser directement aux fournisseurs du pays de Djoug et les cargos du Consortium seront ainsi remplis à l’aller.

Cette histoire de réunion plénière était inventée de toutes pièces mais elle venait de le coincer salement. Il pouvait très bien accepter une augmentation du prix de la tonne de fuphoc, puisqu’il était le seul responsable devant ses associés. À lui de prouver qu’il réalisait des bénéfices. Pour le bois du S.I.R.C., c’était Farnelle qui déciderait, mais elle pourrait fournir Yeuse malgré la mainmise de Liensun sur tout ce que débitait la scierie. Là-haut, le directeur du S.I.R.C., Vangarde, cherchait justement à faire diminuer ses stocks de bois déjà travaillés, comme les pilotis, les planches mais aussi les bois manufacturés pour construire des maisons et des immeubles, des ateliers et des magasins. Farnelle lui avait raconté que Vangarde ne savait plus que faire de ses façades en préfabriqué et songeait désormais à se lancer dans l’industrialisation de meubles imités d’anciens mobiliers. Au début on effectuerait un tirage limité qui serait vendu très cher, et par la suite on produirait des copies à un prix moindre. Une fois que les magazines spécialisés, surtout ceux de Markett Station, auraient appâté les acheteurs des Compagnies mondiales.

— Il faut que Farnelle étudie ton offre d’achat, dit-il, mais, en principe, elle devrait être acceptée. Il est certain que je peux passer outre la réunion plénière de l’Omnium, mais quels bénéfices vais-je dégager en fin de bilan ?

— C’est à toi de te débrouiller. Moi avec cinquante millions de plus à chaque voyage du S.I.T. je pourrais améliorer la situation de ma population.

— Je ne vais tout de même pas te donner cent dollars de plus par tonne.

— Quelles sont tes propositions ?

— Tu les veux sur-le-champ ? C’est impossible, il faut que je fasse mes comptes avant d’avancer un chiffre.

— Tu as bien en tête le montant de l’augmentation que tu peux me proposer ?

Lien Rag la détestait de se montrer aussi accrocheuse. Il ne pouvait plus biaiser et il proposa vingt dollars.

— Tu te fous de moi ?

— Dix millions de plus chaque fois que le super-ice-tanker enlève une cargaison et je me fous de toi ? Quatre millions pour l’Iceberg-Ship 2 et encore deux pour le numéro un ? En tout dans une année entre cinquante et soixante millions de dollars et je me fous de toi ?

— Avec cent dollars c’est entre deux cent cinquante et trois cents millions de dollars que j’obtiendrais.

— Nous réviserons ce prix dans six mois.

— Non, je veux avant ton départ une proposition plus honnête, sinon j’arrête les livraisons.

— Tu vas trop loin, Yeuse. Nous aussi nous pouvons arrêter les livraisons.

— Je peux traiter avec le Consortium, échanger mes hydravions contre des dirigeables si les pièces détachées de la Manufacture Kurts ne me parviennent plus. Tharbin veut des hydravions et il fera l’échange le plus défavorable, s’il le faut.

— Quels équipages pour tes dirigeables ? Avec trois pilotes, trois aides pilotes et trois mécanos pour chaque hydravion, ta flotte est toujours en état de voler. Pour un dirigeable, multiplie ces chiffres par dix. Quatre-vingt-dix bonshommes pour chaque dirigeable ? Tu ne les trouveras pas. Nous-mêmes avons un mal fou dans toute l’Australasienne pour les recruter.

 

La charogne céleste
titlepage.xhtml
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Arnaud,G.J.-[La Compagnie des Glaces-61]La charogne celeste(1992).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html